L’Institution Lamartine à travers l’Histoire
Même si l’on relève l’existence d’un collège à Belley dès 1706, l’Institution Lamartine est fondée au milieu du XVIIIème siècle sous l’impulsion de Monseigneur Cortois de Quincey, évêque de Belley. Plusieurs congrégations de religieux (Antonins, Joséphistes, Pères de la Foi d’inspiration jésuite, Maristes…) ainsi que des prêtres diocésains y sont présents pour la diriger, avant que la direction ne soit confiée à des laïcs au milieu des années 1980. D’abord connu sous l’appellation « Collège (ecclésiastique) de Belley », l’établissement est depuis 1906 appelé « Institution Lamartine ». En effet, Alphonse de Lamartine, grande figure du Romantisme et homme politique, y fut élève entre 1803 et 1808. D’autres personnalités comme les généraux Dallemagne et Sibuet, les médecins Récamier, Richerand, Bonnet et Poncet, ou plus récemment les hommes politiques Francisque Collomb et Charles Million, y furent aussi élèves ; le vénérable Abbé Colin ou encore saint Pierre Chanel, mort martyr en Océanie en 1841 et canonisé en 1954 et saint Pierre-Julien Eymard, canonisé en 1962, y furent professeurs. Le collège de Belley est créé par lettres patentes du 10 février 1753 enregistrées au Parlement de Dijon, et sa construction s’achève en 1764. L’évêque de Belley confie l’établissement à la Congrégation des Antonins, qui le dirigent jusqu’en 1790, avant d’être brièvement remplacés, jusqu’en 1792, [,par la Congrégation des Joséphistes. L’établissement est repris par Joseph Varin et les Pères de la Foi en 1803. La société des Pères de la Foi, fondée en 1799 en Autriche, est le résultat d’une fusion entre deux groupes préparant le retour des jésuites (la « Compagnie des Pères du Sacré-Cœur » fondée par Léonor de Tournély en 1778 et celle des « Pères de la Foi » fondée par Nicolas Paccanari en 1797). Ces prêtres ne sont pas des Jésuites (la Compagnie de Jésus n’est officiellement rétablie qu’en 1814), mais leurs manières de vivre et leurs principes éducatifs sont d’inspiration ignacienne ; ils gardent la direction jusqu’à une nouvelle fermeture en 1808. Le collège devient ensuite communal mais bénéfice d’un régime spécial car, en 1808, Napoléon Ier ayant par décret donné le monopole de l’Enseignement public à l’université impériale, aucun établissement d’éducation ne pouvait être formé hors de l’université et sans son consentement. En 1823, le collège est sur le point d’être fermé quand Monseigneur Devie, évêque de Belley, obtient qu’il soit cédé au diocèse comme Petit séminaire. Il conserve l’abbé Guigard qui dirigeait la maison depuis 1819 et l’établissement garde un caractère mixte, à la fois collège et séminaire ; la maison reçoit alors des externes de la ville et des élèves d’une école cléricale de la cathédrale, ainsi que les élèves du petit séminaire de Meximieux. Puisque la vocation première du petit séminaire de Belley est la formation d’enseignants, c’est là où viendront les futurs missionnaires, par la suite, pour achever leurs études ecclésiastiques. Une nouvelle fois fermé en 1905 à l’application de la Loi Combes l’établissement est, grâce à la courageuse activité des Anciens élèves (association fondée en 1892), rouvert en 1906 ou 1907, sous l’appellation d’institution Lamartine. Peu à peu le nombre de prêtres est moins important alors que le nombre de personnels laïcs se développe. À partir de 1968, la signature du contrat d’association avec l’État, la création d’un organisme de gestion de l’Enseignement catholique (OGEC) et l’instauration de la mixité permettent un nouvel essor à l’établissement.
Bref historique de l’Institution Lamartine
- 1753, création de l’établissement (avec diverses localisations successives dont la première à l’angle de la Grande rue et de la rue saint Jean, à Belley) sous l’impulsion de Mgr. Cortois de Quincey
- milieu du XVIIIème siècle, construction d’une partie des bâtiments actuels grâce aux legs de l’évêque, Mgr. Du Dousset, et du curé de la paroisse, l’Abbé Favier de Flaxieu, puis à la contribution financière des États du Bugey; l’architecte est Monsieur de Saint-André, ingénieur des Ponts et Chaussées pour la Bresse, le Bugey et Gex
- 1763-1764, occupation des locaux, achèvement de la chapelle et de la plupart des bâtiments
- 1763, Congrégation des Antonins
- 1793, fermeture de l’établissement suite à la Terreur (Révolution française) puis transformation en caserne
- 1803, réouverture de l’établissement suite aux efforts de la municipalité
- 1803, Congrégation des Pères de la Foi, dans l’esprit jésuite, avec leur fondateur l’abbé Varin puis, 1807-1809, dissolution de l’ordre sur décision de Napoléon Bonaparte
- 1803 à 1808, Alphonse De Lamartine, grande figure du Romantisme, est élève au Collège de Belley
- 1808, transformation en collège communal mais présence des prêtres du diocèse
- 1823-1824, ouverture d’un petit séminaire dans les murs de l’établissement avec le soutien de Mgr. Devie
- 1829, Congrégation des Pères Maristes, avec comme enseignants le vénérable Abbé Colin mais également saint Pierre Chanel, mort martyr en Océanie en 1841 et canonisé en 1954 et saint Pierre Eymard, canonisé en 1962
- 1845, Direction par les prêtres du diocèse
- 1870, Congrégation des Joséphistes
- 1905, fermeture de l’établissement suite à l’application de la Loi Combes
- 1906 ou 1907, réouverture de l’établissement et appellation Institution Lamartine
- 1968, instauration de la mixité dans les classes
- 1987, fin de la Direction par les prêtres du diocèse
- 1998, inauguration d’un nouveau bâtiment
Le Lamartine du temps des Pères dans les années 50, une autre époque…
Alphonse de Lamartine (1790-1869)
Repères biographiques
Alphonse de Lamartine (Alphonse Marie Louis de Prat de Lamartine), naît à Mâcon le 21 octobre 1790 et meurt à Paris le 28 février 1869. L’une des grandes figures du romantisme en France, poète, romancier, dramaturge et prosateur, homme politique également, il participe de la Révolution de février 1848 et proclame la Deuxième République. Alphonse de Lamartine passe son enfance en Bourgogne, en particulier à Milly, qui nourrira son inspiration poétique, et se forme au collège à Lyon puis à Belley avant de revenir dans le Mâconnais où il mène une vie de jeune homme oisif et séducteur. Il voyage en Italie et occupe une éphémère fonction militaire auprès du roi Louis XVIII. En 1816, la rencontre avec une jeune femme mariée, Julie Charles, marque un tournant décisif dans la vie du poète mais leur histoire d’amour passionnée vire à la tragédie lorsque Julie, restée à Paris, meurt en 1817. Alphonse de Lamartine écrit alors les Méditations poétiques dont le recueil est publié en 1820 ; ce livre, considéré comme le premier recueil romantique de la littérature française, obtient un succès retentissant. Il épouse la même année Marianne-Elisa Birch, une jeune Anglaise, et occupe des fonctions de secrétaire d’ambassade en Italie avant de démissionner en 1830. Il publie durant cette période d’autres œuvres poétiques comme les Nouvelles Méditations poétiques (1823) ou encore, en 1830, les Harmonies poétiques et religieuses après avoir été élu à l’Académie française (1829).[]
En 1830, il décide d’entrer en politique en se ralliant à la Monarchie de juillet mais échoue à la députation. Il effectue alors un voyage en Orient où il visite la Grèce, le Liban et les lieux saints du christianisme, relaté dans Voyage en Orient et marqué par le drame de la mort de sa fille Julia. En 1833, il est élu député et le restera jusqu’en 1851 : il passe du royalisme au républicanisme et prononce des discours remarqués. Il joue un rôle important au moment de la Révolution de 1848, il proclame la République, et assure pendant trois mois le poste de chef du gouvernement provisoire, mais se retire de la politique après sa lourde défaite lors de l’élection présidentielle qui porte au pouvoir Louis-Napoléon Bonaparte le 20 décembre 1848. Alphonse de Lamartine meurt en 1869 presque octogénaire et repose dans le caveau familial au cimetière communal, le long du mur du parc du château de Saint-Point qu’il a habité et transformé depuis 1820.
Œuvres principales
Recueils poétiques :
- Méditations poétiques (1820)
- Nouvelles Méditations poétiques (1823)
- Harmonies poétiques et religieuses (1830)
- Jocelyn (1836)
- La vigne et la Maison (1857)
Récits de voyage :
- Voyage en Orient (1835)
Essais :
- Histoire des Girondins (1847)
Récits autobiographiques :
- Raphaël (1849)
- Graziella (1851)
Asile vertueux qui formas mon enfance,
À l’amour des humains, À la crainte des dieux,
Où je sauvai la fleur de ma tendre innocence,
Reçois mes pleurs et mes adieux.
Alphonse de Lamartine, Adieux au Collège de Belley, 1836.
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